Jun 14, 2008

Feuilles
(by Hachi and Bamboo)

Je les observais choir. Sur chacune d’entre elles s’attardait mon regard : abandons de Juillet.

Sous la chaleur dormaient, tapies,
Les rumeurs d’un automne aigri.

Leur humeur rougeoyait, prisonnière du brasier de cette friction saisonnière.

Ce remous des étincelles – la vérité
Bruissait comme l’aile d’un oiseau inquiet.

Il y avait de la religion dans ces murmures ; croyance première qu’on pensait perdue.

Mon cœur s’effeuille à l’autel de tes soupirs –
Tristes écueils où se noient mes souvenirs.

Ce passé brumeux, sous ce ciel écrasant où tournoient pensées et secrets, m’oppresse d’un rouge froid.

Promesses fuyantes et regards tremblants :
Eau noire scintillante au Lac des Amants…

O Ondes enrouées qui chantent ma perte, revenez percer ces nuages de Juillet !

En vain. Chant de cygne aux accords las, mineurs…
Ne me fais plus signe, que j’oublie mes pleurs.

Larmoyant adieu d’un appel sans réponse, j’implore ta candeur estivale.

La plainte s’effiloche en veines mordorées :
Mille cristaux de roche en mouvances moirées.

Les ombres s’évaporent, Juillet bourgeonne, on entend les rires d’Echo.

Ta voix, stellaire diapason,
Sur mes lèvres – et ce frisson…

Jun 9, 2008

Aigues-Mortes

Aigues-Mortes


Au-delà des terres de Grande Soif
Se trouvent tes yeux suspendus.

Encre de Chine sur ciel-buvard
Parcheminé,
Froissé et délavé

Par endroits.

Des vols d’oiseaux monochromes
Déchirent sèchement le silence,

S’effacent dans le soleil blanc
Et le vide

Se fige à nouveau
En natures mortes.

Pardonnez mon laconisme –
Mon mutisme –
Ne se rompt qu’à grand-peine :

J’avais l’habitude de renaître
Dans l’eau de ces yeux.




(Je n'ai plus l'habitude d'écrire en français... je réapprends...)

Jun 4, 2008

Boris Vian : les fractales du jazz

Bebop aime les cocktails sucrés du Harlem
Orchestra Bar ; Bebop vit pendant l’heure bleue,
rythme de la ville qui s’éveille, moirée,
irisée sous ses pavés ; Bebop connaît chaque
secret des persiennes qui cachent pianos et
violons efflorescents ; Bebop se fout de son
identité, toujours d’ailleurs ; Bebop est
Amoureuse, Bebop est belle, et dans les rues de
New Orleans, Bebop pleure.

En HK, on fait inévitablement des rencontres décisives. La première s'est produite dès le premier jour: une archange qui faisait un stop prolongé sur Terre. Une archange violoncelliste, qui s'appelle Hachi et qui aime Boris Vian et Henri Michaux. Alors forcément, quand vous connaissez les archanges, vous avez même l'occasion de rencontrer des morts. Ainsi, Hachi m'a présenté Boris Vian (ou Vernon Sullivan, pour les intimes). J'avais déjà quelques notions préalables. Boris Vian: ce fou qui faisait de grandes fêtes, qui a écrit 'Monsieur le Président' (chanson interdite donc intéressante), et L'Ecume des jours, roman très beau et très triste (dont je n'avais lu que des extraits).
Et l'archange m'a fait prendre conscience de la profondeur effrayante-zet-abyssale de mon ignorance. Moi qui me prétendais amoureuse de poésie, de jazz, de Beauté, je n'avais pas lu Boris Vian... J'ai donc fureté sur le web et dans ma bibliothèque. J'ai appris que Vian était un surdoué intellectuel. Qu'il était tout autant poète que dramaturge, romancier que musicien. Qu'il était membre du Collège de 'Pataphysique. Que le jazz (ainsi que blues, bebop, tango, java, valse, etc.) constituait une partie intrinsèque de sa vie. Qu'il est lié à jamais à des grands noms, comme Duke Ellington, Miles Davis, Louis Armstrong. Que c'était lui l'inventeur du piano-cocktail (et autres). Qu'il maniait merveilleusement bien les mots, en inventant si nécessaire. Sa vie même fut poésie.

Il me faut rattraper le temps perdu. Le poème 'Bebop' est donc un modeste hommage à ce génie et à Hachi.
Merci.