May 30, 2009
The Fine Line
May 21, 2009
Women and Writing?
May 18, 2009
Lullaby
May 17, 2009
Life in suspension
May 10, 2009
Le silence en archipel
Tu es pressé d’écrire
Comme si tu étais en retard sur la vie.
R. Char, Commune présence
Sujet de culture générale pour vendredi. Un peu d’air frais dans les devoirs de la prépa.
Il m’arrive parfois, quand je suis enfin seule chez moi, de reprendre Nedjma, ou Char, ou Supervielle, ou TS Eliot, et de lire à voix haute. Lire un même poème encore et encore, jusqu’à pouvoir prédire les pauses, les enjambements, les souffles, jusqu’à le connaître presque par cœur. J’ouvre la fenêtre et je laisse les volets entr’ouverts, histoire de laisser le vent entrer, et la timide chaleur. Il y a le torrent incantatoire de Nedjma, où chaque image hypnotique en appelle une autre et dont le rythme est celui de la vie, de la mer elle-même ; les aphorismes de Char qui s’égrènent, goutte à goutte, avec des espoirs de chaleur et des hallucinations de rivière ; les vers de Supervielle où tout prend une dimension cosmique lorsqu’on les lit à la tombée du soir ; TS Eliot enfin, qui convoque tout un monde, faisant entrer en collision les parfums à l’ancienne et la décrépitude du Waste Land moderne, l’odeur de la pluie et de l’orage qui approchent et la sècheresse du rocher rouge où il n’y a pas d’ombre, et où les oiseaux parodient les bruits des cascades.
J’en suis réduite à voyager ainsi – mais loin de voyages par procuration, ceux-là sont bien plus indicibles et cosmiques que ceux qu’on peut effectivement réaliser. C’est presque trop facile désormais de partir physiquement (et j’ai bien dit presque – qu’on ne me reproche pas de ne pas nuancer).
A se demander si les Transparents existent encore de nos jours.