Feb 27, 2009

[Half] The Perfect World


Un peu de peine en haillons autour du coeur car il va falloir partir...



(Mais qu'est-ce que les montagnes sont belles...
On respire ici. Le printemps est déjà ici, avec son lot de parfums, de soleil.
Et demain, de nouveau voyage vers [l'étouffement].)




Feb 26, 2009

Nedjma, Delfica et autres fantômes - 1

La perte. La perte, et la recherche. Un nouvel Orphée, qui descend dans les Enfers, et en revient, les mains vides apparemment, mais riche quand même de cette traversée impossible. Des vers qui reviennent lancinants, parfois même par strophes entières – et alors on se dit que si Nerval a fini fou, pendu à un lampadaire, sans avoir retrouvé sa voix – au moins en a-t-il transmis le fantôme aux générations suivantes.

A Kateb Yacine, par exemple. Prémices de fraîcheur…

Feb 24, 2009

Le temps d'un après-midi



Il faisait sombre aujourd'hui.
Mais les nuages sont beaux en montagne.

Feb 23, 2009

L'Ecume de nos jours

L’Ecume des jours, c’est une sorte de papillon chamarré dont on ne sait pas bien s’il est fleur de cerisier moirée ou papillon. C’est le rêve de l’homme qui vole tel un papillon et qui en vient, au-dessus des nuages, à se vider de son être et à se demander de quelle ascendance il peut se réclamer.

Pour résumer, la vie, c’est l’amour, et c’est la musique. Pas n’importe quelle musique, direz-vous : celle de la Nouvelle Orléans, celle qui peut exprimer toute la palette des sentiments humains, celle qui est véritablement soul et blues car elle sait refléter la moindre nuance de l’âme humaine et l’âme humaine est un morceau de ciel bleu.

Le jazz, et plus généralement la musique, innerve l’Ecume des jours. Chloé, la fille dont Colin tombera follement amoureux, porte le même prénom que le titre d’un morceau de ‘Duck Ellington’. Alise, l’autre fille dont Colin serait tombé amoureux, n’eût-il pas rencontré Chloé, peut faire penser à l’Elise de Beethoven. – Et que dire de la ‘musique’ dans le poumon de Chloé, musique funeste de nénuphar ? Dans le rythme même des phrases, on en vient à voir un air lancinant de jazz – effréné tout d’abord, puis de plus en plus syncopé, suivant la progression du livre – on passe du swing au blues.

Mais l’archange parle mieux que moi de musique. Alors je vais essayer de parler de l’amour – si je me souviens un peu, dirait Cabrel.

Ce qui frappe d’abord, c’est la pureté des personnages. Ils ne peuvent pas vieillir, que ce soit leur corps ou leur âme. Ce sont à peine des adolescents, et aucun n’a eu le temps de devenir désenchanté. Colin veut tomber amoureux, on ne lui a jamais dit que le grand amour, ça n’existe pas, et il va rencontrer ce grand amour, en la personne de Chloé, oiseau dans sa cage, d’après le motif même de sa robe.

En parlant de cage, c’est le motif de l’enfermement qui revient toujours dans le livre. La robe en forme de cage, le nénuphar qui se ramifie dans le poumon de Chloé, et au fil des pages, la maison qui se rétrécit, sombre et marécageuse, le ‘travail’ que Colin cherche – il ne trouve que des labeurs qui sapent sa vie, de véritables sangsues – et par extension la société même, absurde, vorace, monstrueuse et belle, onirique, surréaliste tout à la fois, et puis les flammes qui dévoreront Alise dans la librairie, le fantôme de Jean-Sol Partre qui emprisonne Chick et finira par le plonger dans l’obsession et la mort, et la souris enfin, dans sa tentative de suicide grâce à un chat qui veut compatir mais ne comprend pas bien.

En fait, l’Ecume des jours finit bien, dans le sens où cela ne pouvait finir autrement. Les personnages principaux sont trop beaux, trop idéaux pour vivre longtemps dans un monde tentaculaire. En refermant le livre, on a même envie de souffler à Colin : ‘Jette-toi dans le marécage. Rien ne peut plus arriver maintenant.’

Au moins, Colin et Chloé, là-bas, ensemble à nouveau. Et ici, tout ce qui reste : la plainte d’un saxophone – ou un chœur de onze petites filles aveugles – qui chante l’amour, la musique, pour qu’on se souvienne.

[L’Ecume des Jours – well, it’s like a brightly colored butterfly – but we do not really know whether it’s a shimmering cherry blossom or a butterfly. It is the dream of the man who flies like a butterfly and who eventually, high above the clouds, is drained of all his self, and begins to wonder which ancestors he could claim.

To sum it all up, life is about love, and about music. But not any music – the one from New Orleans, the one that can express the whole palette of human feelings, the one that is truly soul and blues as it knows how to reflect the merest nuance of the human soul, and the human soul is a piece of blue sky.

Jazz, and on a more general scale music, innervates l’Ecume des Jours. Chloé, the girl Colin will fall madly in love with, has the same name as a music piece from ‘Duck Ellington.’ Alise, the other girl Colin would have fallen in love with, had he not met Chloé, can make us think of Beethoven’s Elise. – And what about the ‘music’ in Chloé’s lung, the fatal water-lily music? In the sentence rhythm itself, we come to see an insistent jazz air – frantic at first, but growing more syncopated at every page, as it follows the book’s progression – from swing, we dive into blues.

But the archangel knows better than me how to talk of music. So I will try to talk about love – if I remember some of it, Cabrel would say.

What is striking at first is the characters’ purity. They cannot grow old, be it their body or their soul. They have just come out from teenage years, and none has had the time to grow disillusioned. Colin wants to fall in love, no one has ever told him that the ‘love of one’s life’ does not exist, and so he will meet the love of his love, in the person of Chloé, bird in her cage, as is pointed out by the very pattern of her dress.

Talking of cages, the theme of entrapment that relentlessly comes back in the book. The cage-shaped dress, the water-lily that branches into Chloé’s lung, and, page after page, the house that grows smaller and smaller, darker and more swamp-like, the ‘work’ that Colin looks for – he only finds toils that drain him of his life, real leeches – and by extension society itself, absurd, voracious, monstrous, and beautiful, oneiric, surrealistic all at once, and then the flames that will consume Alise in the bookshop, the ghost of Jean-Sol Partre that traps Chick and will eventually plunge him into obsession and death, and last the mouse, with her trying to suicide herself with the help of a cat who would like to sympathize but who does not really understand.

In fact, l’Ecume des Jours ends well, in the sense that it could not end in any other way. The main characters are too beautiful, too ideal-like to live – to last – long in a tentacular world. Upon closing the book, we almost want to whisper to Colin, ‘Go on, jump into that swamp. Nothing can happen anymore.’

At least, Colin and Chloé, over there, reunited. And here, what is left: the complaint of a saxophone – or the chorus of eleven blind little girls – that sings of love, of music, so that we may remember.]

Feb 21, 2009

La parole en archipel [Char]

I listen to the song over and over again, feeling your presence that way. I almost cried when the movie ended, even if it was a happy ending, just because it was the ending. Now the song connects me to the world I have to cross each day - to go to school, to go grocery shopping, or even to go across the street to a friend's - humming it, I feel more alive. It's like with the white cloud trails that follow an airplane - with the music, I imagine that there must be someone - someone - humming it somewhere else, and feeling the same way I do. My fuschia-colored umbrella keeps me sheltered from the rain as I skip around and between puddles. I feel like reading every book, watching the movies I love, listening to all the song I find so pleasant. With the coming of Spring, I ask less questions - rather keep them to myself, and find out on my own. Yesterday, I finished L'Ecume des Jours by Vian, and I felt like dying with a water lily flower in my lung, so that I would see if you would really miss me. I want to see sunsets in tropical islands, eat ice cream, go elsewhere. Perhaps with you, perhaps not - it all depends on you now. The song sometimes materializes itself, and we chat like old friends. And yes, I do believe in happy endings, even though things never end.

Feb 14, 2009

Le Reste du Temps

Aujourd’hui, pain d’épices et ciel bleu.
Quand j’ai ouvert ma fenêtre ce matin, il faisait un peu froid, mais il y avait quand même une odeur de printemps.

Il paraît que ça ne va pas durer longtemps.
(Et le premier qui me parle de la Saint-Valentin, je l’oblige à… à traduire la Nouvelle Héloïse en pakistanais. Je sais, le châtiment du siècle, vous en tremblez déjà, mais je me sens d’une humeur à être sérieuse là, vous ne pouvez pas savoir.)

J’aimerais m’endormir et me réveiller cet été. Préférablement mi-juillet, dans les Pyrénées. (Et là, clin d’œil aux K de Watteau, vous remarquez le jeu subtil d’assonances disséminées dans le texte – c’est Nerval qui commence à tout influencer.)

Je suis sous perfusion sanguine. Pour remplacer mes globules rouges avec du ciel bleu.

Feb 12, 2009

But now I know I'm glad I came...

La bougie cranberry-mandarine : lorsqu’elle est allumée, la cire liquide prend une teinte groseille sublime.

J’ai écouté une version jazzy-cubaine de la Lettre à Elise qui m’a rendue heureuse, je ne sais trop pourquoi.

J’ai juste un peu peur que la vie – cette jolie boule de verre un peu iridescente, n’est-ce pas – se fêle un peu trop vite. Je me trouve très gauche, très maladroite.

Le bleu envahit tout dans ma tête, il adoucit et guérit, ça fait du bien.

J’ai envie de voir les étoiles.

Like a butterfly in a hurricane…’ Je prendrai le train en marche – j’ai l’habitude.

Feb 6, 2009

These are the great times to come

« See, there are moments for everything, especially to tell you that you still haunt me, like a peculiar muffled melody that strains on tired heartstrings. I try to imagine what your voice sounds like but all I can hear is the piano downstairs and notes running as if on still water; I try to picture your face but all I can see is an imperfect calligraphy, ever a-dissolving into rare and precious colors. Do not ask me if I can sing or dance for you – I have not the makings of a perfect heart (or is an unfinished, a half-heart what you are looking for?) but I could try to wake up butterfly-veins and read your future in my palm. Rain and words are what unite us, for they have no more substance than we do, always slipping out of each other’s grasp, as if this were just a game. But bound I remain, to something I have not claimed my own – shall I soon depart for more stable ground? I do not know, and if I did, I would soon leave anyway. Your lips, as I try to imagine them, have a taste of clouds and summer, something that belongs to Tuscan poppy fields or lone twilight beaches at the end of the world. Perhaps one day will see us breath against breath; but for the moment, to fill up the absences, I will stand under the rainfalls, head raised, asking for sunlight and tangling up breaking clouds in my fingers and hair. »

Feb 2, 2009

Photos-Souvenirs

Vendredi. La classe ensoleillée à 16h, pendant le cours de philo. L’impression, pour une fois, de sentir une trouée dans les nuages. Samedi. Paris-Diderot. La nouvelle qui arrive au niveau du périph – il y aura un vide pendant cette journée, les amphis à 700 personnes pour 400 places, le monde, l’esbroufe de la prise de notes à l’ordinateur pour certains, la chaleur, mais aussi le prof qui a des allures de Gavroche [casquette, grand manteau, galoches, écharpe au vent], l’attention que tous manifestaient, les moments captivants, le témoignage bouleversant de l’ami de Kateb. Tout de même, la joie de partir le matin avant tout le monde, de ressortir à l’air frais, de faire des méandres dans les rues, plan à la main, pour retrouver la station de métro. Et puis Elle, la crêperie, les fous rires – la preuve de la rencontre de deux K, c’est que le seul sujet de conversation, eh bien, c’est la K. Mais qu’est-ce que j’ai pu rire… Le regret de quitter Paris, tout est dans le fugitif. La flemme tout le reste du weekend, l’immersion dans la musique pour oublier et pour se souvenir. Lundi, on reprend, on recommence, toujours. La neige, aussi brusque que fugace : au petit matin, le ciel expirait des flocons qui semblaient flotter de nulle part. A midi, la blancheur était déjà souillée par les points de rouille des mégots de cigarette, la boue brune et mi-liquide dans les rues. A 16h, il ne reste quasiment plus rien. Je n’ai pas encore révisé l’histoire pour mercredi, les devoirs s’empilent, mon bureau ne ressemble plus à rien sous les feuilles, livres et autres… objets non identifiés qui s’accumulent. Pour pallier les vacillements trop intenses, les vertiges trop ténus, j’ai acheté une nouvelle carte postale, celle qui ressemble à un marque-page et qui montre des paysages du monde entier. J’ai tellement de cartes postales que je commence tout doucement à tisser des espaces, à coudre ce qui pourrait avoir l’étoffe d’un monde. Mais je n’ai pas les mains assez habiles, l’aiguille me pique trop, et mes doigts sont rapidement en pièces. Cela viendra, j’espère.